Léobard se partage en 2 sites. Le plus visible, parce que proche de la D673, égraine tout un cortège de maisons de caractère dans le sillage de l’Abbaye-Nouvelle et sur les rives du Céou. Un Léobard plus secret, où trouver la mairie, se cache dans les replis d’une colline boisée qui ouvre les portes du Périgord noir. Ce Léobard des collines vous accueille avec un monument aux morts, œuvre magistrale d’Émile Mompart, arborant une piéta voilée d’une élégance rare. Plus haut, s’élève, en sentinelle perchée, une attachante petite église romane dédiée à Marie-Madeleine. Bâtie au 12e s., elle fut rehaussée d’un niveau de refuge au 14e s., et garde, en dépit de ses remaniements, toute la puissance archaïque de ses origines. Le château de Léobard, fief des barons de Junies, a été dépecé à la Révolution. Une seule pièce a été sauvée, une noble fenêtre à meneaux utilisée en réemploi lors de la construction de l’école. Entre Domme et Gourdon, les vallées et bocage de Léobard accueillent une activité agricole conséquente dont les troupeaux (vaches et moutons) animent encore les paysages.
Léobard est un saint (6e s.) d’origine auvergnate. Il brilla par l’ascèse et l’humilité, et devint l’inséparable ami du fameux historien Saint Grégoire de Tours. Le prénom Léobard s’est formé à partir de 2 mots d’origine germanique, leud (peuple) et bald (audacieux). Les habitants du village ne firent pas mentir l’étymologie quand, à l’aube de la Révolution, en signe de révolte, ils volèrent la girouette (privilège de noblesse, donnant droit de prélever des impôts) sur le toit du château. Ce trophée fut érigé au sommet d’un arbre planté en signe de joie et d’indépendance (arbre qu’on appelait aussi le mai, et qui reste inscrit dans les traditions du Sud-Ouest lors des élections municipales).
Texte : Pierre Guitton