L’église st Jacques le Majeur de Salviac
Les motifs de la construction de cette église ne nous sont pas connus ; mais il faut remettre ce
“projet” dans l’époque et le contexte historique de notre région au 13ème et 14ème siècles, pour essayer d’appréhender les motivations qui amenèrent à la construction de ce monument dont l’ampleur surprend un peu.
En ces temps là les croisades contre les Albigeois (Hérésie Cathare) s’achèvent, la conquête du comté de Toulouse aussi.
Les bouleversements nombreux (Massacres des populations, dépossessions, exil d’une grande partie de la noblesse occitane, nouveaux seigneurs, installation permanente de l’Inquisition) qui suivirent la croisade contre les Albigeois, modifieront profondément l’organisation sociale du pays et provoqueront la fin de la civilisation occitane.
...Le pays de la Bouriane se trouva dans la tourmente, au travers de la famille de Gourdon -Salviac, seigneur du lieu et vassale du Comte de Toulouse. Cette famille soutiendra ce dernier et abritera de nombreux cathares dans ses châteaux. Pour cela elle payera un lourd tribut ; pour éviter le tribunal de l’inquisition, et les risques de dépossession et de bannissement les “Gourdon –Salviac” feront amende honorable ; (Les moines de Cîteaux qui menèrent les croisades leurs feront financer la construction d’une Abbaye (l’Abbaye Nouvelle) et la seigneurie de Salviac va connaître bien des vicissitudes.
Le 13éme siècle verra l’annexion totale du comté de Toulouse (dont Salviac et la Bouriane faisait partie) au domaine royal.
L’archiprêtre de Salviac, Géraud de Barasc avait été élu en 1237 Comte/évêque de Cahors ; après avoir rendu hommage à Alphonse de Poitiers, frère du roi de France et nouveau Comte de Toulouse.
Les derniers cathares furent brûlés à Montségur en 1244.
L’église qui a “triomphé” de l’hérésie, va dans cette Occitanie dévastée aider le pouvoir royal à asseoir son emprise et celle de Rome. Pour cela, elle va construire des édifices monumentaux (en Bouriane, l’église Saint Pierre de Gourdon, l’église de Salviac, puis l’Abbaye Nouvelle) qui seront autant de symboles forts pour l’affirmation de la “Vraie foi ! ..”
La guerre de cent ans n’épargna pas Salviac les grandes compagnies s’emparèrent à plusieurs reprises de Salviac qui était une place forte fortifiée. En 1287, Salviac fut hypothéquée aux anglais par le roi de France Philippe le Bel.
C’est dans ce contexte que l’église a été construite, plutôt reconstruite pour recevoir 1000 fidèles par le cardinal Gaucelin de Jan, évêque d’Albi, au début du 14éme siècle sous la seigneurie de son neveu Philippe de JEAN, nouveau seigneur de Salviac banquier de Cahors (célèbre pour sa richesse et sa cruauté.)
Elle sera dédiée à St Jacques le Majeur
(Salviac deviendra un archiprêtré important ; et c’est sous l’archiprêtre Dom R. de Cazatis que les travaux vont commencer, ils se termineront en 1331, ce jour là les cloches sonneront pour la première fois
Au 16éme et 17éme siècle les guerres de religion n’épargnèrent pas Salviac et son église.
A la révolution elle connut plusieurs exactions, incendie de mobilier etc. C’est à cette époque que les vitraux auraient été brisés, lors de la mise en place : “d’un Temple de la Raison” : un incident ayant éclaté, lors de la mise en place le jour de Pâques d’une Déesse Raison.
Ces vitraux du 15éme siècle représentent la légende de Saint Eutrope (repris dans la grande verrière du 19éme) et le procès et l’exécution d’Hugues de Géraldi évêque de Cahors (1312-1318) que le seigneur de Salviac Philippe de Jean (qui était à l’origine de ce procès) aurait fait représenter sur les vitraux.
L’église de Salviac marque en fait l’apogée et la fin d’une époque. Elle est située à un tournant tant sur le plan architectural que sur la plan historique ; de ce fait, son style va subir des influences romanes et gothiques.
Elle comporte une nef unique, voûtée d’ogives, et un transept développé. L’abside à cinq pans est couverte d’une voûte en coquille dont les nervures retombent sur des colonnettes.
“De type romane par sa forme basilicale, par son transept développé, par son clocher, l’abside est voûtée en cul de four semi-circulaire avec un autel sculpté, le sanctuaire est surélevé de deux marches, isolé par une clôture, constituée par l’actuelle table de communion.”
Tous ces éléments sont caractéristiques du roman. Par contre, les voûtes sur croisée d’ogives, sont ici omniprésentes et caractérisent le style gothique.
Son aspect extérieur monumental est accentué, par une importante toiture en lauzes.
L’église de Salviac a connu plusieurs transformations : vestiges du 12éme siècle, reconstruite au 13éme, remaniée au 14éme et 15éme siècles et au 19éme siècle deux constructions : sacristie (mur nord), chapelle de service (mur sud) vont s’ajouter au bâtiment.
L’église Saint Jacques le Majeur de Salviac a été classée monument Historique, ainsi qu’une grande partie de son mobilier, par arrêté du 3 mai 1913
Le portail ogival franchi, on se trouve face à l’imposante nef
Au pied du tambour en bois un majestueux bénitier du 16éme siècle avec ces cannelures façon “coquille st Jacques”
A droite la chapelle St Eutrope :
Où “une grande multitude de peuple accourait pour y vénérer les reliques du saint évêque de Saintes, par l’intercession de qui de nombreux malades etaient guéris après avoir fait neuvaine. Le Pape Clément VII par bulle du 14 octobre 1381 accordait 100 jours d’indulgence aux visiteurs qui donnaient une obole pour les malades pauvres venus y faire neuvaine.
Eglise ouverte du 1er juillet au 31 août du lundi au samedi de 10h30 à 12h 30 et de 17h à 19h