Gariottes et cazelles de Bouriane
Elles font partie de notre paysage, mais on se surprend toujours à les remarquer. Le terme générique de ces abris ou petites constructions en pierres sèches vient de cabane. Ce vocable occitan, on le retrouve par exemple avec les "cabanons" provençaux, les "cabanes" pyrénéennes, ou les "chabanas" du Périgord.
En Quercy, ce terme est utilisé dès le 16e siècle et semble s'appliquer plutôt aux causses méridionaux, au sud de la rivière Lot. Mais qu'en est-il réellement des gariottes et des cazelles ?
Pour comprendre, il faut revenir à la typologie générale des constructions en pierres sèches et cette histoire commence avec l'agriculture.
Issue de l'épierrement des champs après le labour, la pierre constitue un déblai inopportun qu'il convient d'éliminer. Cela bien sûr au 19e siècle où l'activité rurale, de 1830 à 1880, est intense avec l'usage nouveau de charrue véritable. Le déblai étant abondant et lourd, pas question de le transporter au loin. Il va donc rester au fond des champs sous deux formes en tas : en cayrous et en murettes.
Les cayrous sont de toutes tailles, aux volumes parfois bien différents. Mais si la vie paysanne est faite de culture et de labour, elle possède aussi une forte composante d'élevage. il faut nourrir les bêtes en les amenant d'un champ à l'autre. cette "garde" des troupeaux est assurée par les enfants ou les vieux. Mais "garder" les troupeaux des heures, c'est bien s'exposer aussi au soleil, à la pluie, au vent.
Ce mot "garde" va entraîner l'usage d'un autre mot : la "guérite", abri sommaire. Dans notre cas, ces gariottes – guérites seront donc des abris individuels étroits. Et comme il faut rester en bordure de parcelle, là où sont murettes et cayrous, eh bien ! C'est dans l'épaisseur de ces dernières qu'elles seront aménagées.
Qu'en est-il maintenant des cazelles ? Ici, l'étymologie est transparente : la "case" dont cazelle est un diminutif vient directement du latin "casa" signifiant cabane, chaumière. Une cazelle est bien une construction à part entière. Un espace abrité, créé grâce à des murs et à un couvrement. Là où la gariotte avait une ouverture, la cazelle est dotée d'une porte.
Bien entendu, on distingue à partir de ces deux types de constructions en pierres sèches, des éléments atypiques ou intermédiaires. De fait, l'on trouve des gariottes agrandies où l'espace est plus important mais encore englobé par un cayrou, des gariottes dites tournantes, des cabanes de petites dimensions sans porte ou des cazelles de très petites dimensions.
Avant tout, ce que nous aprennent les cayrous, les murettes, les gariottes et les cazelles, c'est l'histoire du rapport que matérialise l'architecture rurale entre l'homme et l'univers : apprivoiser cet univers en le reconstruisant mais aussi pour en tirer le meilleur parti possible.